Les rêveries d'un poète confiné

L’île aux cerfs

Poussière je suis né
Et j’y retourne désormais
Personne ne m’a réclamé
Dans une fosse je suis enterré

J’habitais au cœur du Bronx
C’est sans le sou que je marchais
Cherchant l’abri de ma raison
Dans l’enfer de ce quartier

J’espérais une meilleure vie
Loin des déserts que je connus
Je ne voyais pas la mort ainsi
Asséché par ce virus imprévu

C’est maintenant sur Hart Island
Que ma trace s’oublie un peu plus
Au milieu des cercueils en bande
Là où le cerf ne brame plus

De l’humanité je n’aurais goûté
Qu’à l’ironie de l’attribut « commune »
Donné à cette longue tranchée
Fermée sans marque aucune

Près d’un million de mes confrères
Sont entassés sans oraison
Ne reste sur cette langue de terre
Que le silence de l’abandon

Ayant avec Dieu fait la paix
Mon âme n’est pas oubliée
Tel Lazare et le mauvais riche
Quittant ce monde en friche

Ben (11/04/2020)

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