Pour que deux mille cent vingt s’en souvienne
Voilà où nous en sommes
Des hommes mangent ensemble derrière un écran
Des kangourous sautent sur le béton
Des concerts ont lieu sur les balcons
Des moutons jouent au tourniquet
Des boulangers vendent des livres
Des pingouins marchent sur le trottoir
Des poèmes sont criés par les fenêtres
Des convois d’éléphants traversent les routes
Des enfants rêvent d’aller à l’école
Des lions jouent au golf
Des grands restaurants servent des hôpitaux
Des chiens sortent leurs maîtres
Et nous tenons à vous préciser
Que ce ne sont pas des cadavres exquis
Mes souvenirs s’évadent,
Moi qui pensait les avoir bien enfermés
Je sens bien que tout se délite
Mais je vis dans les méandres de ma pensée
Au pressé, au passant,
Au passé, au présent
Point de futur que l’usure,
Qui toujours me dévore,
M’assaille et me rattrape.
Voilà maintenant que je suis enfermée
À la place de mes souvenances
Je ne sais plus ce que je suis
Je ne suis plus ce que je fus
Et dans cette chambre condamnée,
Je suis perdue, déboussolée
A qui confier mon désarroi ?
Qui pourra entendre mes tracas ?
Soudain, quelqu’un que je ne connais pas
M’emmène vers la fenêtre d’une douce voix
Des gens chantent et se font poètes
Serait-ce pour nous conter fleurette ?
Il y a aussi cet ustensile
J’ai le mot sur la langue
Vous savez, avec des touches noires et blanches
Dans cette gentille drôlerie
Je repense à ces après midi
Où, près des miens je me trouvais
Dans la joie de la maisonnée
Je chante au milieu de tous réunis
Des airs de Brel, de Piaf aussi
Une jeune demoiselle je suis
Qui danse dans les rues de Paris
Voici mon accompagnateur
Au piano il joue presque par cœur
J’ai trouvé ce mot qu’il me manquait !
Mais, que font là ces gens masqués
Ils reviendront, ont-ils promis
D’un ton joyeux, ils sont repartis
C’est le village entier mobilisé
Qui prend soin de ses aînés